Portrait de carrière : entrevue avec Réal Leblanc, architecte directeur
L'architecte Réal Leblanc a rejoint la firme en 2008 avec une solide expérience dans la rédaction de devis et la réalisation de projets de projets majeurs dans le domaine institutionnel. Il est devenu directeur au sein de la firme en 2011, puis a tenu les rôles de chargé de projet et d’architecte en chef après de la STM jusqu’à la fin de sa carrière.
En hommage à son départ à la retraite en février ainsi qu’aux 13 années qu’il a passées avec la firme, nous lui avons consacré une entrevue dans laquelle il est revenu avec nous sur ses 38 années de carrière, sa passion pour la rédaction de devis, ses souvenirs professionnels et sa perspective sur l’évolution de la pratique.
Réal Leblanc, architecte directeur spécialisé en rédaction de devis
Passionné de construction, expert reconnu du devis, Réal Leblanc possède de très grandes connaissances techniques et une expérience d’une trentaine d’années en gestion d’équipe et de projets. Sa soif de relever de nouveaux défis l’a amené à travailler sur des réalisations majeures de la firme à titre d'estimateur ou de rédacteur de devis, telles que le Projet de modernisation et de redéploiement du Centre universitaire de santé McGill (sites Glen et de la montagne) et le Pavillon des soins critiques de l’Hôpital général juif.
La majorité de son passé avec la firme a été consacré à la rénovation de stations de métro au sein du Bureau de projets Infrastructures métro (BPIM) de la STM de 2012 à 2019, puis à la Direction des Grands programmes de maintien des actifs métro jusqu’à son départ à la retraite. Il a notamment été impliqué sur des projets aux stations Angrignon, Place d'Armes, Laurier, Vendôme, Beaubien, Jolicoeur, Plamondon et Préfontaine. À partir de 2015, il a agi à titre d’architecte en chef pour le projet de la station Viau et du centre d’attachement adjacent, ainsi que pour les stations Atwater et Beaudry.
Doté d’un excellent sens de l’humour, d’un grand sens du leadership et du souci du travail bien fait, il a mené avec succès de nombreuses équipes multidisciplinaires dans la réalisation de projets techniquement complexes.
Entrevue avec un grand cartésien.
L’enfance, les études et les débuts en architecture
Enfant, quel métier rêvais-tu de faire ?
Je n’ai pas rêvé d’être pompier ou camionneur. La construction m’a toujours beaucoup attiré et j’ai décidé très tôt que je serai architecte.
À quel jeu aimais-tu le plus jouer quand tu étais enfant ?
Carré de sable et construction ! J’aimais bien faire des sculptures en « patates pilées », des maisons en papier découpé… Je suis allée à l’Expo 67, et en revenant, je bâtissais des viaducs dans mon carré de sable. Je me suis mis à construire des petits meubles dès que j’ai pu manipuler des outils. J’ai grandi dans une ferme laitière et il y avait toujours des petits travaux à faire, des réparations de bâtiment avec mon père et mon grand-père. Au grand désespoir de mon père d’ailleurs, qui me trouvait trop minutieux, car je prenais toutes mes mesures trois fois…
Tu es donc allé à l’Expo 67 ?
L’année de l’Expo, je n’avais que 7 ans et j’étais trop jeune pour y aller en sortie scolaire. J’y suis allé en 1968 avec ma famille, mais ça ne m’a pas marqué tant que ça, j’étais trop jeune. Ce sont plus les nouveaux échangeurs à l’entrée de Montréal qui m’impressionnaient ! Pour moi, qui venais de la campagne, ils avaient un côté très exotique. Les Jeux olympiques de 1976 m’ont plus marqué. Je n’y suis pas allé, mais je m’en souviens très bien. J’avais 16 ans et je collectionnais la documentation sur le stade, dont la construction m’impressionnait.
Où as-tu grandi ?
Je viens de Saint-Barnabé-Sud, à côté de Saint-Hyacinthe. Mes parents ont vendu la ferme quand j’avais quatorze ans et nous avons déménagé « en ville », à Saint-Hyacinthe, où j’ai terminé mon secondaire et été au Cégep.
Qu’est-ce qui t’a donné envie d’étudier l’architecture et de faire le métier d’architecte ?
Dès le secondaire 2, année durant laquelle il faut faire certains choix de matières, je savais que je voulais devenir architecte. J’ai donc établi le meilleur parcours académique pour y parvenir. Le métier m’intéressait pour trois raisons : je voulais tout d’abord bien gagner ma vie, car à l’époque, l’agriculture n’était pas très payante. J’aimais la construction et j’avais cette ambition très noble de laisser ma marque dans la société ! (Rires.) Mon amour de la construction a été comblé durant toute ma carrière. Bien gagner ma vie a pris du temps, mais je n’ai pas eu à me plaindre ces dernières années. Quant à laisser ma marque dans la société… Je ne me suis pas avéré être un concepteur, donc ma marque n’est pas visuelle. Je ne suis pas le créateur de bâtiments, mais j’ai contribué à les faire tenir !
À la fin du secondaire, j’ai déposé ma candidature dans toutes les universités qui avaient des cursus en architecture, ainsi qu’en structure, au cas où. J’ai été accepté partout et j’ai choisi l’Université Laval, dont j’avais aimé l’ambiance lors du processus de sélection.
Comment se sont passées tes études ?
Je n’étais pas une star, j’étais plutôt discret. Je trouvais les ateliers assez difficiles, car je n’étais pas un concepteur, je préférais les cours techniques. Lors de ma première session universitaire, j’ai été désarmé par le manque d’organisation, au cégep j’avais l’habitude de connaître mes échéances très à l’avance. Nous avions un projet à rendre et j’avais planifié quatre jours avant la remise pour mettre mes dessins au propre, car à l’époque nous dessinions tout à la main. Lorsque la moitié de la classe a demandé un report à 24 heures de l’échéance, et qu’il a été obtenu, ça ne m’a pas du tout plu, car ça remettait en cause toute mon organisation !
Certains sont partis en cours de session car ils ne se sentaient pas assez passionnés, ils n’avaient pas le « trip » d’architecte. La passion. C’est aussi la partie que j’ai trouvée difficile. Heureusement, à l’Université Laval, nous avions certains contacts avec les ingénieurs pour faire des tests techniques par exemple. Mais nous étions tout de même confrontés à une mentalité dans laquelle les ingénieurs étaient « des méchants à qui il ne faut pas parler », alors que dans la vie professionnelle, c’est l’inverse. Dans ma carrière, j’ai côtoyé autant, sinon plus, d’ingénieurs que d’architectes.
Quelle a été ta première expérience de travail en architecture ?
Ma première expérience professionnelle a été un stage de six mois aux « Affaires Sociales » (aujourd’hui le Ministère de la Santé et des Services Sociaux), à mesurer des chambres d’hôpital. Nous parcourions la province pour la mise à jour de l’inventaire des immeubles du réseau, qui servait ensuite au ministère à allouer des budgets d’opération aux établissements. Mon patron était un technicien en administration. À l’époque il y avait peu de travail dans le milieu de l’architecture. Ces six mois ont néanmoins compté pour mon stage d’architecte, car l’Ordre était plus permissif qu’aujourd’hui.
Par la suite, j’ai travaillé dans différents petits bureaux, notamment chez Leclerc et Associés (aujourd’hui Vincent Leclerc Architectes) où je me suis spécialisé en devis, principalement pour des projets d’écoles construites en mode traditionnel (avec un appel d’offres public). En assistant à des conférences, je me suis rendu compte qu’il y avait d’autres formes de marchés qui existaient. J’ai réalisé qu’il fallait me diversifier, si jamais le mode traditionnel, le seul que je connaissais, disparaissait. Via Devis Construction Canada, j’ai rencontré Anik Shooner, qui m’a engagé chez MSDL où j’ai travaillé quelques années, puis chez Lemay pendant 7 ans, avant d’arriver chez Jodoin Lamarre Pratte architectes.
L’expérience avec Jodoin Lamarre Pratte architectes
Tu es arrivée chez Jodoin Lamarre Pratte architectes le 17 janvier 2008. Comment avais-tu entendu parler de la firme ? Comment y as-tu obtenu un emploi ?
Je suis rentré chez Jodoin Lamarre Pratte architectes via MSDL. En 2008, après 7 ans chez Lemay, j’ai recontacté Anik Shooner avec qui j’avais maintenu de bonnes relations. Le consortium composant l’équipe-maître pour le projet du nouveau CUSM sur le site Glen (Jodoin Lamarre Pratte architectes / MSDL / Lemay / André Ibghy) recherchait un responsable des coûts. Je suis finalement resté avec la firme jusqu’à la fin de ma carrière.
Qu’est-ce qui t’a poussé à te spécialiser dans la rédaction de devis ?
N’étant pas concepteur, je préférais la technique. J’ai touché à la conception technique d’enveloppe, mais je maîtrisais plus la rédaction de devis, où j’étais l’expert. Des collègues m’appelaient du chantier pour me demander « abordes-tu telle question dans le devis quelque part? » et j’étais capable de leur répondre de mémoire « oui, dans telle section, il me semble que je demande une quantité supplémentaire de tel type de cloison au paragraphe 3.2. ». Je connaissais les devis par cœur ! Les « bibles » de la construction des bâtiments, en quelque sorte. J’aimais aussi être celui qui imposait le vocabulaire à utiliser, j’aimais cette maîtrise.
Tu as consacré les huit dernières années de ta carrière à travailler au sein de bureaux de projets de la STM œuvrant à la rénovation des infrastructures du métro de Montréal, à titre d’architecte chargé de projet ou d’architecte en chef. Est-ce que tu avais au départ un intérêt particulier pour le domaine du transport ?
J’ai touché à beaucoup de domaines durant ma carrière. Le domaine du transport a été un nouveau milieu à apprivoiser, avec de nouveaux défis. Découvrir les coulisses du métro m’a beaucoup intéressé.
Quelles sont les particularités du métier d’architecte dans un contexte comme celui de la rénovation des infrastructures du métro ?
Satisfaire un grand nombre d’entités. La Ville, les arrondissements, les responsables de la préservation patrimoniale du métro… Beaucoup pensent que les permis s’obtiennent facilement pour les projets de la STM, à cause de la relation privilégiée avec la Ville, mais ce n’est pas le cas. Il faut obtenir les permis de construction, passer au Comité consultatif d'urbanisme, le processus est laborieux. En revanche, il était enrichissant de travailler dans un contexte effervescent. La volonté publique de développer le transport collectif se traduisait par l’accès à des budgets conséquents ! Un contexte très différent de celui que j’avais connu dans les années 1990, quand je travaillais sur la construction d’écoles.
Peux-tu nous expliquer en quoi consistait ton travail ?
À la STM les « architectes en chef » sont des chefs d’équipes multidisciplinaires. Mon équipe était composée d'environ 35 personnes, toutes disciplines confondues, employées par la STM ou par des firmes mandatées comme Jodoin Lamarre Pratte architectes. Mon travail consistait à m’assurer que les équipes d’architecture et d’ingénierie aient les moyens de faire les projets qu’on leur confiait. Je montais les plans de ressources et je mobilisais les expertises nécessaires.
À la Direction des Grands programmes de maintien des actifs métro (GPMAM), j’étais également le représentant du consortium d’architectes. C’était un poste très politique, de gestion des ressources humaines et de la relation client. Quand j’ai formé mon successeur, je lui ai présenté le poste un peu comme celui d’un agent d’artiste. Une grande partie de mes tâches consistait à proposer des ressources à la STM, à les placer dans l’équipe ainsi qu’à gérer les relations interpersonnelles.
En plus de tes rôles au sein des bureaux de projets de STM, tu es devenu architecte directeur de la firme en 2011. Quels ont été tes défis dans ces rôles de direction ?
J’ai été directeur de Jodoin Lamarre Pratte architectes à distance, je venais au bureau pour les réunions du comité de pilotage, mais j’étais un peu en retrait. Je jonglais entre deux rôles, j’étais à la fois représentant de la STM auprès de Jodoin Lamarre Pratte architectes, et vice versa.
Parmi les projets de la firme auxquels tu as participé, quel est celui sur lequel tu as le plus aimé travailler ?
Le projet du Pavillon des soins critiques de l’Hôpital général juif. J’étais chargé de projet adjoint pour ce mandat réalisé en régime accéléré avec la formation d’un bureau de projet sur place. Nous étions une grande équipe, collégiale et sérieuse. Je garde également un excellent souvenir de mes années au sein des bureaux de projets de la STM, où j’ai fini ma carrière.
Et le projet sur lequel tu as le moins aimé travailler ?
Dans certains projets, le client n’avait pas une vision très claire de ce qu’il souhaitait. Des besoins bien définis sont essentiels pour travailler efficacement et arriver à un bon résultat, dans ces cas-là c’était plus difficile.
Parmi toutes les réalisations de la firme, laquelle préfères-tu ?
J’apprécie beaucoup l’extrême finesse spécialisée de nos projets en santé, les centres de cancérologie par exemple. Je n’ai pas travaillé sur ces projets, mais cela m’impressionne d’avoir côtoyé des experts, des architectes avec des spécialisations aussi pointues.
Si pendant une journée tu avais pu être une autre personne du bureau, qui aurais-tu été ?
Serge Breton, pour être rédacteur de devis à temps plein ! Au cours de mes dernières années de carrière, je n’ai plus fait beaucoup de devis et il y a eu plusieurs moments où j’aurais aimé m’y consacrer à nouveau.
Quel est l’événement social organisé par la firme que tu as préféré ?
Je ne suis pas trop un « gars de party », mais j’appréciais beaucoup le Beach party annuel au chalet de Michel Broz. Le fait que les conjoints et les enfants des employés soient les bienvenus illustre bien cet esprit d’ouverture et l’ambiance familiale qui règne à la firme. C’est rare.
Quel est ton meilleur souvenir au sein de la firme ?
Mes échanges avec l’architecte Denis Gaudreault (1952-2014, avec la firme de 1989 à 2010 et directeur à partir de 1994). Il m’a pris sous son aile à mon arrivée. Lorsque je suis devenu directeur, il m’a aussi beaucoup soutenu.
Qu’est-ce que tu as le plus apprécié de la firme ?
L’esprit de famille. J’ai également beaucoup aimé le fait que la firme reconnaisse que le travail, bien qu’il constitue une partie importante, n’est qu’une partie de la vie. Cette reconnaissance des employés comme des êtres humains à part entière. Avec la croissance de la firme, il est important de maintenir cette reconnaissance individuelle et l’établissement de relations privilégiées entre la direction et les employés. Durant ma carrière, j’ai toujours apprécié avoir une relation directe avec mes patrons.
Si tu devais résumer en un mot ta carrière chez Jodoin Lamarre Pratte architectes, ce serait lequel ?
Plutôt deux : plaisir facile. J’ai eu des défis à relever, mais j’ai toujours réussi à bien faire mon travail et à y prendre du plaisir. J’ai aussi aimé travailler au sein de grandes équipes, où je n’étais pas seul à endosser toutes les responsabilités.
Le métier d’architecte et de rédacteur de devis
Qui est ton architecte préféré ? Celui qui t’inspire le plus ?
Je suis très impressionné par Frank Lloyd Wright, pour sa finesse, mais pas pour ses détails de construction. (Rires.) Lorsque je suis allé à Chicago, j’ai vu l’entretien que demandent ses réalisations. Ce sont des gouffres financiers… Fallingwater est un chef-d’œuvre. Mais en hiver, ça doit être invivable !
Tu es architecte depuis 35 ans. Qu’est-ce qui a le plus changé dans le métier selon toi ?
Les outils de travail, leur rapidité, et, par lien de cause à effet, la nécessité qu’ils ont créée de répondre instantanément. J’ai vu apparaître et disparaître le fax, j’ai vu arriver le dessin assisté par ordinateur. J’ai suivi une brève formation AutoCAD mais je suis passé un peu à côté de cette évolution technologique, car j’étais déjà assez sénior lorsque cela s’est développé et je ne faisais plus beaucoup de dessin.
Penses-tu que l’informatisation de la pratique et l’utilisation d’outils comme le BIM (Building Information Modeling) permet de faire de meilleurs projets ?
Des projets plus contrôlés, oui. Mais il ne faut pas non plus que le contrôle prenne le dessus. J’ai vu, sur certains mégaprojets récents, des équipes où il y a plus de contrôleurs que de concepteurs, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose. Il faut également garder en tête que ce sont des outils, qui ne doivent pas remplacer l’intelligence humaine.
Quelle est selon toi la recette d’un bon projet ?
Des besoins clairs, avec un échéancier et un budget proportionnels. Ce ne sont pas toujours des problèmes d’argent. Parfois c’est juste un problème de clarification du souhait du client. Une communication claire est primordiale.
Et la recette d’un bon devis ?
Des communications claires, à nouveau. Il ne faut pas penser que le devis est un document standardisé copié-collé, qui peut être développé sans coordination. Le devis peut avoir préséance sur les dessins, il faut donc qu’il soit au moins aussi coordonné. Chez de Lorimier-Chouinard, j’ai fait beaucoup d’inspections de bâtiments, ce qui m’a appris à faire des rapports structurés dans lesquels l’information est claire, succincte et pertinente. Le devis possède la même exigence.
Quel est le projet le plus complexe sur lequel tu as travaillé ?
Le projet du nouveau CUSM sur le site Glen, pour lequel Jodoin Lamarre Pratte architectes faisait partie de l’équipe-maître. J’étais responsable des coûts, et l’estimation dépassait le milliard de dollars, ma calculatrice n’avait pas assez de colonnes ! (Rires.) Je travaillais aussi sur le devis de performance, entouré d’une armée d’actuaires et d’avocats. Chaque mot posé était remis en question, c’était vraiment particulier.
As-tu des conseils à donner à la nouvelle génération de professionnels ?
Accordez-vous du temps pour connaître et apprécier les choses. Je vais faire de l’âgisme, mais j’ai remarqué que les jeunes générations, qui ont toujours été équipées des outils que nous avons aujourd’hui, sont un peu habituées à faire « Entrée » et que la solution sorte. Je pense qu’il faut prendre le temps de réfléchir, de trouver la bonne solution. Cela dit, c’est un vrai défi, car on nous demande de travailler toujours plus vite…
Qu’aurais-tu envie de dire aux gens pour leur donner envie de se diriger vers la rédaction de devis ?
Tout d’abord, il y a de la place ! Mais la rédaction de devis, c’est surtout une façon discrète de contrôler la qualité d’un projet. Pour un grand projet, il y a certes le coup de crayon du concepteur, mais si à la fin, le bâtiment tient debout, c’est aussi parce que le devis était bon ! Je ne veux pas me prendre pour la mouche dans la fable de La Fontaine « Le coche et la mouche », mais le devis joue un rôle significatif dans un projet.
La vie professionnelle et personnelle
En rétrospective, est-ce que ce métier t’a apporté ce que tu cherchais ?
Je voulais être architecte entre autres pour laisser ma marque dans la société. J’ai réussi, car j’ai contribué à plusieurs grands projets, même si c’est un travail d’arrière-scène. Je pense parfois être pénible lorsque je fais visiter Montréal à des amis et que je leur dis : « j’ai fait un projet ici, j’ai fait un projet là… ». (Rires.)
Si tu avais fait un autre métier, qu’aurait-il été ?
À l’époque de mes études, j’aurais pu faire un autre choix et être ingénieur en structure. En rétrospective, j’aurais aimé être arpenteur, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de travailler avec des arpenteurs-géomètres à la STM sur des projets complexes. Là encore, c’est un métier d’arrière-scène, mais dans lequel la personne fait autorité en la matière et est le gardien de l’exactitude, ça me parle.
Quelles ont été tes plus grandes satisfactions professionnelles et personnelles ?
Sur le plan personnel, d’avoir été accepté pour qui j’étais. Sur le plan professionnel, j’ai eu la chance d’évoluer dans un domaine qui me passionnait, dans lequel j’ai toujours eu la volonté et la possibilité d’en apprendre plus. J’ai vu certaines personnes de mon entourage endurer pendant des décennies des métiers qui ne les intéressaient pas, j’ai la chance d’avoir toujours eu le feu !
On dit souvent que les professionnels de l’architecture ne comptent pas leurs heures, as-tu trouvé difficile de combiner vie personnelle et professionnelle durant ta carrière ?
Bien, j’ai été célibataire longtemps ! (Rires.)
Quel a été le moment le plus difficile de ta carrière ?
Lorsqu’à 48 ans, j’ai été obligé de trouver un nouvel emploi. Je n’ai pas eu de mal à en trouver un, mais la nouvelle a été difficile à encaisser.
Qu’es-tu le plus fier d’avoir accompli ?
D’avoir partagé mes connaissances dans certains domaines spécialisés comme le devis ou la quincaillerie architecturale. J’ai développé des cours sur le sujet. J’avais toujours pensé qu’être enseignant n’était pas un métier pour moi, mais lorsque je me suis retrouvé face à des gens qui avaient le désir d’apprendre, je n’ai eu aucun problème. À l’université, nous n’apprenons qu’une infime partie de ce dont nous aurons besoin une fois sur le marché du travail. La formation en entreprise et le partage des connaissances sont indispensables, ils sont la meilleure façon d’apprendre.
Quelle rencontre professionnelle a été ton coup de cœur ?
Il est difficile de nommer une personne en particulier, mais j’ai appris des choses de chaque personne avec qui j’ai travaillé, du positif comme du négatif.
Y a-t-il quelqu’un que tu considères comme ton mentor, ou une personne qui a particulièrement influencé ta carrière ?
Mon premier patron Jacques Laberge m’a beaucoup influencé, notamment au niveau de la discipline de classement, c’était un vrai maniaque ! Chez Jodoin Lamarre Pratte architectes, Denis Gaudreault a joué un rôle prépondérant dans ma bonne intégration au sein de l’équipe.
Tu viens de partir à la retraite, qu’est-ce qui va le plus ou le moins te manquer ?
Les décisions prises par les autres vont peu me manquer. Ce que je vais regretter, ce sont les projets payés par les autres ! (Rires.) Lorsqu’on est architecte, ce sont les clients qui paient nos « trips ». Aujourd’hui je n’ai plus de clients pour financer mes idées folles ! Je n’étais pas un concepteur, mais je spécifiais des matériaux. Aujourd’hui, si je veux tester un nouveau matériau sur un projet personnel, je dois payer et prendre le risque !
L’architecture fera-t-elle partie de ta retraite ?
La construction, plus que l’architecture. Ma maison et d’autres chantiers auxquels je collaborerai. La page blanche pour commencer un projet de zéro, ce n’est pas pour moi !
En rafale
Thé ou café ?
Jus ! Je ne bois ni thé ni café.
Matin ou soir ?
Matin
Brique ou bois ?
Bois
Musée ou randonnée ?
Randonnée
Bureau ouvert ou fermé ?
Curieusement j’ai aimé avoir un bureau fermé même si c’est un peu contradictoire avec ce que je disais sur le partage des connaissances…
Action ou réaction ?
Réaction
Rénovation ou nouvelle construction ?
Rénovation
Party d’huîtres ou Beach party ?
Beach party
Noir et blanc ou couleurs ?
J’ai connu les deux à la télévision mais je dirais couleurs.
Passé ou futur ?
Futur
Été ou hiver ?
Été
Roman ou film ?
Par paresse le film, mais le roman va plus loin.
Autocad ou Revit ?
La règle parallèle. (Rires.)
Modernisme ou post-modernisme ?
Modernisme
Penser ou agir ?
Agir
Vélo ou voiture ?
Voiture
Maison à la campagne ou condo en ville ?
J’ai eu les deux, mais je suis à la campagne maintenant.
Londres ou New York ?
Londres
Acier ou béton ?
Béton