Portrait de carrière : entrevue avec Jean Martin, architecte associé principal
L'architecte Jean Martin a rejoint la firme en 1984 avec une expérience dans la réalisation de projets dans le Grand Nord québécois, quelques années après avoir achevé ses études en architecture à l’Université de Montréal. Il devient directeur en 1990, puis associé principal en 1996, rôle qu’il a tenu pendant 20 années.
En hommage à son départ à la retraite à la fin de l’année 2019 et aux 35 années qu’il a dédiées à la firme, nous lui avons consacré une entrevue dans laquelle il revient avec nous sur sa carrière, son expérience en tant que patron, ses souvenirs à la firme et sa perspective sur l’évolution de la pratique.
Jean Martin, architecte chargé de projet et responsable d’études et expertises
Durant sa carrière, Jean Martin a principalement occupé les fonctions de chargé de projet, de responsable d'études et expertises, et de responsable du contrôle des coûts et des échéanciers pour des projets institutionnels techniquement exigeants, qui impliquent la coordination de grandes équipes multidisciplinaires et l’intégration de tous les intervenants d’un projet dans un véritable esprit d’équipe. Il a été responsable de nombreux projets d’importance dans les domaines de la santé, du transport aéroportuaire, de la culture, de l’enseignement et de la restauration patrimoniale. Il a développé une expertise particulière en territoires nordiques avec la réalisation d'une vingtaine de projets pour l’Administration régionale Kativik, l’Aéroport de Kuujjuarapik et la Commission Scolaire Kativik. Cette spécialité l’a rendu particulièrement sensible à l'économie d'énergie, qui est notamment résolue en architecture par la conception et la construction d’une enveloppe de bâtiment performante. Il s’est également spécialisé dans la réalisation de travaux de rénovation, de réfection, de restauration et de réaménagement dans l’existant en lieux occupés pour de nombreuses institutions et sociétés. Sa connaissance approfondie de la nature et du comportement des matériaux et sa compréhension des types et méthodes de construction, principalement dans le cadre de réfections, lui ont conféré un rôle capital au sein de la firme.
C’est à titre de chargé de projet qu’il a participé à un important programme d’évaluation et de réfection d’enveloppe de bâtiments de la Ville de Montréal, impliquant certains bâtiments à valeur patrimoniale, au cours duquel il a approfondi son expertise technique visant la conservation de structures existantes. Parmi ses réalisations majeures figurent le programme fonctionnel et technique et le préconcept pour la réaffectation des espaces libérés sur le campus de la Montagne de l’Université de Montréal, l’agrandissement et rénovation de l’école Ikusik à Salluit, la restauration historique des toitures et mansardes du Pavillon Marie-Morin de l’Hôtel-Dieu, la relocalisation du Collège Saint-Louis, la restauration du plafond suspendu de la salle Wilfrid-Pelletier, le Centre intégré de cancérologie de la Montérégie à l'Hôpital Charles-Le Moyne, le Centre Pierre-Péladeau et la Salle Pierre-Mercure, le Musée d’Art Contemporain de Montréal et le Complexe de la maison-mère des Sœurs de la Présentation de Marie à Saint-Hyacinthe.
Dessins présentant l'état de la partie avant du plafond réfléchi de la Salle Wilfrid-Pelletier (Expertise réalisée en 2011 en vue de sa restauration en 2017)
L’enfance
Enfant, quel métier rêvais-tu de faire ?
Il y en plusieurs, ça dépend à quel âge. Quand j’étais tout jeune sûrement policier ou pompier, je pense que ce qui est resté le plus longtemps c’était sûrement pilote d’avion, ou astronaute.
À quel jeu aimais-tu le plus jouer quand tu étais enfant ?
Je faisais surtout du sport, j’aimais beaucoup jouer dehors, au hockey ou au soccer.
Qu’est-ce qui t’a donné envie d’étudier l’architecture et de faire le métier d’architecte ?
Ça a été une décision tardive. J’ai fait un DEC en Sciences pures au cégep, car en finissant le secondaire je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire et c’était le domaine qui me laissait le plus de portes ouvertes. Puis j’ai fait des demandes d’admission à la Polytechnique en structure et à l’Université de Montréal en architecture, j’ai été accepté aux deux, mais j’ai choisi l’architecture. Le domaine de la construction c’était quelque chose qui m’intéressait beaucoup, marier le design et la technique. L’Expo 67, j’avais 10-11 ans à l’époque et nous vivions à côté, sur la rive Sud, donc j’y suis allé souvent, j’ai visité tous les pavillons. À cet âge-là tu ne réalises pas vraiment mais ça t’ouvre les yeux sur plein d’éléments de design : la Biosphère, des volumes très carrés, d’autres complètement éclatés… Il y avait tellement de vues complètement différentes, des interprétations multiples de ce que pouvait être un pavillon. Ça a peut-être été un déclic sans que je m’en rende complètement compte.
Comment se sont passées tes études ?
Nous avons travaillé fort ! Il fallait être impliqué émotivement et pas juste pédagogiquement, c’est aussi là que tu vois si tu as la « piqûre » ou pas, il faut aimer ça ! La première année c’était une année difficile, ils appelaient ça le « bain global » avec trois disciplines ensemble : architecture, design industriel et architecture du paysage. Il fallait que tu sois capable de « flyer », de mener des charrettes et de t’impliquer émotivement, si tu n’aimais pas ça on t’encourageait à changer de voie. Mais c’était des bons moments et j’ai gardé contact avec beaucoup d’anciens camarades de classe, qui sont d’ailleurs comme moi, tous plus ou moins en train de partir à la retraite. Philippe Bastien par exemple, c’est quelqu’un avec qui j’ai beaucoup travaillé à l’université. Pour mon dernier projet avec Jodoin Lamarre Pratte architectes j’ai travaillé avec lui sur un mandat pour l’Université de Montréal : le programme fonctionnel et technique et préconcept pour la réaffectation des espaces libérés au pavillon Roger-Gaudry sur le campus de la Montagne, réalisé suite au déménagement de plusieurs fonctions dans le nouveau Campus MIL.
Quelle a été ta première expérience de travail en architecture ?
Avant de travailler chez Jodoin Lamarre Pratte architectes j’ai travaillé 4 ans chez Reich Martel, architecte, qui n’existe plus aujourd’hui mais qui est devenu NFOE par la suite. Ils étaient localisés au 30e étage du Complexe Desjardins car SNC s’y trouvait et que nous travaillions beaucoup avec eux. Nous faisions beaucoup de projets industriels, des usines de pâte à papier, des alumineries, etc. Nous avions notamment fait l’aluminerie de Baie Comeau, qui appartient aujourd’hui à Alcoa. C’était très intéressant, j’ai beaucoup appris sur les procédés industriels, mais en matière de design c’était un peu moins intéressant, ce qui m’a amené à chercher du travail ailleurs.
L’expérience avec Jodoin Lamarre Pratte architectes
Tu es arrivé chez Jodoin Lamarre Pratte architectes le 26 novembre 1984. Comment avais-tu entendu parler de la firme et comment y as-tu obtenu un emploi ?
J’avais un ancien collègue chez Reich Martel, architecte qui était parti travailler chez Jodoin Lamarre Pratte architectes et qui m’avait dit que la firme recrutait de nouveaux profils. J’avais passé une entrevue avec Gérard Pratte, qui était l’associé en charge de la gestion du personnel. La firme venait de gagner un mandat pour faire deux écoles dans le Grand Nord, et ils cherchaient quelqu’un qui avait de l’expérience dans ce domaine. Chez Reich Martel j’avais travaillé sur quatre projets d’écoles pour la Commission scolaire Kativik, j’ai donc été engagé pour ça. Les projets avec la Commission scolaire Kativik ont d’ailleurs occupé une grande partie de ma carrière, c’est peut-être l’un de nos plus anciens clients actifs.
Parmi les projets de la firme auxquels tu as participé, quel est celui sur lequel tu as le plus aimé travailler ?
Le Musée d’art contemporain de Montréal a été un beau défi. La firme avait remporté le concours d’architecture, mais je n’ai pas travaillé sur cette étape. Je suis arrivé après que le concours ait été remporté, en tant qu’adjoint à Gabriel Charbonneau (architecte associé principal de 1978 à 1989). La proposition a finalement beaucoup changé, car entretemps il y a eu les élections municipales et un changement de vision. Après un temps d’arrêt d’environ une année nous avons donc recommencé le projet avec un nouveau programme. C’est un projet qui a par la suite été critiqué pour être trop postmoderniste, mais il se démarquait quand même des propositions de l’époque. J’ai beaucoup aimé y travailler, c’était une commande exceptionnelle pour le bureau à l’époque. Un autre projet qui m’a marqué c’est la salle de concert Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau. La volumétrie extérieure est assez discrète mais à l’intérieur la salle est très impressionnante. Toute la partie de l’arrière-scène aussi était très intéressante.
J’ai également travaillé sur les premiers projets en santé avec des équipements médicaux très spécialisés, notamment en cancérologie à l’Hôpital Notre-Dame et à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui nous ont par la suite amené beaucoup de commandes. C’est un domaine pour lequel nous avons développé une véritable expertise au Québec. Ce sont des espaces qui sont conçus spécifiquement pour recevoir des appareils avec des technologies en constante évolution qui nécessitent de réadapter des locaux existants. Lucie Bégin a beaucoup travaillé sur les premiers projets avec moi, et aujourd’hui c’est elle qui poursuit cette expertise et la transmet à son tour à des personnes comme Julie Boucher, Marie-Michèle Larocque et Stéphanie Girardeau. C’est bien de voir que cette expertise continue de se développer et de se transmettre à la relève.
Et le projet sur lequel tu as le moins aimé travailler ?
Je pense que les projets les plus difficiles sur lesquels j’ai travaillé c’était surtout pour des raisons personnelles, de mécompréhension avec les différentes parties prenantes.
Parmi toutes les réalisations de la firme, laquelle préfères-tu ?
Celle qui m’impressionne à chaque fois que j’y vais c’est l’École des hautes études commerciales de Montréal (HEC Montréal) que nous avons réalisé en consortium avec Dan S. Hanganu. C’était lui qui avait remporté le concours. La firme avait fait une proposition mais elle n’avait pas été retenue. Quand Dan S. Hanganu a gagné, le client lui a demandé de se mettre en équipe avec nous. Le jury aimait beaucoup son design, mais nous avions la réputation d’être un excellent bureau d’exécution, ensemble nous faisions une bonne équipe.
Avant de quitter pour la retraite j’ai eu beaucoup de réunion à l’Université de Montréal. Je me stationnais près des HEC et à chaque fois que je regardais ce bâtiment, j’étais impressionné par la façon dont les matériaux ont été réinventés. Je trouve que c’est un très beau projet. Je n’avais pas personnellement travaillé dessus, mais j’ai eu l’occasion d’être chargé de projet pour le réaménagement de la bibliothèque. J’étais très content de pouvoir être impliqué dans l’évolution de ce projet.
Quel est l’événement social organisé par la firme que tu as préféré ?
Les anniversaires de la firme sont de belles soirées, le 50e et le 60e par exemple. Pendant longtemps je me suis occupé du club social de la firme. Tous les trois mois nous émettions un petit journal, avec des nouvelles du bureau, un peu comme l’infolettre interne qui est envoyée aujourd’hui à tous les mois aux employés. J’organisais aussi les parties de hockey, nous allions jouer tard le soir au CEPSUM. Il y avait également d’autres activités chaque année, comme des randonnées ou une partie de balle molle, c’était de très bons moments et c’est bien de voir qu’aujourd’hui il y a toujours beaucoup d’initiatives sociales au bureau. Le vendredi après-midi nous avons tenu une tradition pendant plusieurs années, quelqu’un partait au dépanneur et rapportait une caisse de bière. Le bureau était beaucoup plus petit, nous étions seulement 40 ou 50. Il y avait une ambiance très familiale, j’en garde de très bons souvenirs.
Tu as travaillé 35 années pour Jodoin Lamarre Pratte architectes. As-tu déjà eu envie d’aller travailler pour une autre firme ?
Non. J’avais trouvé ma place au bureau et une fois que je suis devenu associé, partir était devenu impensable, ça aurait été pire qu’un divorce !
Qu’est-ce que tu as le plus apprécié de la firme ?
L’esprit amical et de collaboration. Le respect des gens c’est quelque chose que nous avons hérité de nos prédécesseurs. Je n’ai jamais vu quelqu’un « péter sa coche » ici, ou agresser quelqu’un. Je l’ai vu à d’autres endroits mais ici jamais. C’est aussi quelque chose que nous avons essayé de transmettre et que nous cherchons lors du processus de recrutement.
Tu as été associé principal de 1996 à 2018. Quel a été ton plus grand défi en tant que patron ?
En 1996, Michel Bourassa, Marc Laurendeau et moi nous sommes associés à Michel Desrosiers et Maurice Cabana. Nous sommes entrés dans un creux de vague, c’était épeurant. Nous n’étions plus que 25 personnes et à temps partagé pour pouvoir garder le plus de monde possible. Il y avait une pénurie de mandats, ce n’était pas très encourageant pour un début en tant que patron ! Mais quand je vois aujourd’hui que nous sommes plus de 120 personnes, que nous venons d’agrandir nos locaux pour la deuxième fois et que notre carnet de commande est rempli de beaux mandats, il y a une grande satisfaction.
La firme a célébré en 2018 son 60e anniversaire. Que lui souhaites-tu pour les 60 prochaines années ?
De continuer à avoir des mandats intéressants, mais que tout ça se fasse de façon moins intense, moins rapide !
Si tu devais résumer en un mot ta carrière chez Jodoin Lamarre Pratte architectes, ce serait lequel ?
Le respect.
Le métier d’architecte
Qui est ton architecte préféré ? Celui qui t’inspire le plus ?
Il y en a plusieurs. J’ai nommé Dan S. Hanganu plus tôt, j’ai beaucoup aimé sa capacité à réinventer et à prendre le temps de réfléchir à chaque chose. Il a eu une très belle carrière. J’ai aussi toujours été impressionné par les réalisations de Frank Lloyd Wright. Je me souviens d’un mandat que nous avons eu avec la Ville de Montréal pour faire une étude sur le potentiel de rénovation de la Caserne Létourneux sur la rue Notre-Dame. Un magnifique bâtiment réalisé par l’architecte Marius Dufresne (possiblement assisté par l’architecte Wilfrid L. Vandal), dont le travail a été fortement influencé par les œuvres de Frank Lloyd Wright.
Tu as été architecte pendant près de 40 années. Qu’est-ce qui a le plus changé dans le métier selon toi ?
Les outils et comment ils ont transformé la façon de faire les projets, et surtout la vitesse à laquelle il faut produire. Quand j’ai commencé nous dessinions tout sur papier, le travail se faisait donc au rythme de la main. Aujourd’hui avec les technologies de l’information nous travaillons en direct avec le client et les ingénieurs. Il faut constamment être en train de traiter un flot d’information. Avant ça prenait plusieurs jours pour envoyer un document, aujourd’hui si tu n’as pas répondu dans les 5 secondes, ton interlocuteur se demande s’il y a un problème. Comme il faut travailler très vite nous passons aussi beaucoup de temps à réviser ce qui vient d’être fait. À l’époque quand nous dessinions un plan, il fallait bien réfléchir avant pour ne pas avoir à redessiner. L’ordinateur c’est un outil formidable mais tellement dangereux, j’ai vu des erreurs qui n’auraient jamais été faites sur un plan dessiné à la main. Toutes les références de détails d’une élévation qui portaient toutes le même numéro par exemple… Le problème c’est qu’aujourd’hui on passe parfois plus de temps à penser à comment utiliser l’outil qu'à penser à la conception. Mais c’est sûr que c’est aussi très impressionnant, être capable de sortir une perspective 3D en une journée c’est incroyable !
Penses-tu que l’informatisation de la pratique et l’utilisation d’outils comme le BIM (Building Information Modeling) permet de faire de meilleurs projets ?
Pas nécessairement. Ça peut toutefois améliorer la coordination interdisciplinaire si les données sont bien entrées et en particulier sur les grands projets. Ça permet alors de gagner beaucoup de temps.
Quelle est selon toi la recette d’un bon projet ?
D’avoir des bonnes personnes dans toutes parties prenantes d’un projet, une bonne conception, une bonne exécution et une bonne surveillance des travaux. Ici nous avons la chance d’avoir des personnes de très grande qualité, avec une grande profondeur technique et des connaissances poussées, et ce dans tous les types d’expertises. Nous avons plusieurs personnes qui ont passé toute leur carrière ici. C’est bon signe, ça veut dire qu’ils étaient heureux et qu’ils se sentaient valorisés.
Quel est le projet le plus complexe sur lequel tu as travaillé ?
Il y en a plusieurs, pour différentes raisons. Il y a eu le premier projet de cancérologie que nous avons fait au 5e sous-sol de l’Hôpital Notre-Dame au début des années 2000. Il fallait creuser un trou de 5 étages à l’angle de deux bâtiments existants, à l’intérieur duquel ruisselait l’eau du mont Royal. Cela occasionnait de nombreux défis structuraux pour que les bâtiments adjacents ne s’affaissent pas. Nous devions construire des salles hyperspécialisées dans un grand trou plein de boue, tout un défi ! De manière générale, les projets dans le domaine de la santé sont toujours de grands défis. Mais c’est aussi une expertise que nous avons beaucoup développée.
Les projets dans le Grand Nord sont également très complexes, mais pour des raisons bien différentes. Plus simples au niveau programmatique, ils présentent toutefois des défis très particuliers : le climat déjà et la façon de concevoir les enveloppes, les contraintes logistiques liées à l’approvisionnement des matériaux qui arrivent par bateaux, des périodes de construction très courtes en raison des contraintes météorologiques, etc. Mais nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir développer cette expertise avec l’architecte senior principal Michel Dupuis, qui assurait la surveillance des chantiers et qui adore se rendre dans le Grand Nord, et moi, qui faisait la planification, la conception et la production des plans et devis.
As-tu des conseils à donner à la nouvelle génération de professionnels ?
De persévérer, d’y croire. Chacun a sa propre façon de découvrir et de travailler avec ses qualités et ses défauts. Il faut avoir de la passion.
Je souhaite aussi de la sérénité à la nouvelle génération d’associés. Je leur dis quand je les croise, de prendre soin d’eux, de faire attention à ne pas constamment garder un rythme effréné.
La vie professionnelle et personnelle
En rétrospective, est-ce que ce métier t’a apporté ce que tu cherchais ?
Oui, et plus encore ! C’est sûr qu’il peut y avoir des moments difficiles, ou l’accumulation de problèmes t’empêche de dormir, surtout quand j’étais associé.
Qu’es-tu le plus fier d’avoir accompli ?
D’avoir pu collaborer à l’histoire de Jodoin Lamarre Pratte architectes. Sur le plan personnel, je suis content d’être resté en bonne santé, je fais de plus en plus de tennis. Le sport a toujours été un grand exutoire, la balle jaune il y a quelque fois où je pouvais mettre des situations dessus, ça m’aidait à me défouler ! (rires)
On dit souvent que les professionnels de l’architecture ne comptent pas leurs heures, as-tu trouvé difficile de combiner vie personnelle et professionnelle durant ta carrière ?
C’est sûr que j’ai passé beaucoup de samedis au bureau, et je travaillais à la maison le soir aussi. Mon épouse m’a souvent rappelé qu’il n’y avait pas que le travail dans la vie.
Quel a été le moment le plus difficile de ta carrière ?
Il y en a plusieurs. Des litiges liés à la construction sur certains projets. C’est quelque chose qui te travaille beaucoup parce qu’en tant qu’architecte, tu peux être tenu personnellement responsable. Avoir une poursuite de plusieurs millions, savoir que tu n’es pas responsable, mais ne pas savoir quelle décision le juge va prendre, c’est vraiment un poids lourd à porter dans notre profession que d’autres n’ont pas. Un médecin par exemple a une obligation de moyens, mais pas de résultats, il doit faire tout ce qu’il peut, mais il ne peut pas te garantir qu’il va te guérir. En tant qu’architectes nous avons une obligation de résultat. C’est une profession où nous sommes très exposés et ça coûte très cher en assurances.
Quelles ont été tes plus grandes satisfactions professionnelles et personnelles ?
De partir du bureau à un moment où les affaires vont vraiment bien. Je souhaite à la nouvelle génération tout le succès possible et je pense qu’ils ont tout ce qu’il faut pour y arriver.
Y-a-t-il quelqu’un que tu considères comme ton mentor, ou une personne qui a particulièrement influencé ta carrière ?
Michel Desrosiers, qui a été mon patron puis mon associé. Nous avons été « élevés » par Michel et le moule qu’il avait créé. Il nous a inculqué toute une façon de faire au bureau, c’était quelqu’un de très rigoureux, qui travaillait énormément. C’était aussi un amoureux de la pêche et il nous a transmis cette passion à moi et à plusieurs autres personnes. Nous continuons d'ailleurs d’aller pêcher une fois par année !
Tu es parti progressivement à la retraite. Qu’est-ce qui te manque le plus ou va le plus te manquer ?
Toute l’équipe. C’est pour ça que je suis parti doucement, je n’aurais pas pu partir à la retraite d’un coup sec. Je suis privilégié d’avoir pu partir tranquillement, fermer mes projets, ce n’est pas dans tous les métiers que l’on peut faire ça.
Et le moins te manquer ?
Le stress. Je l’avoue, il y a eu des moments où j’ai atteint un niveau de stress qui était difficile à supporter. Dans ce métier il y a continuellement des choses à régler, et certains problèmes peuvent être vraiment complexes à résoudre.
Est-ce que l’architecture va faire partir de ta retraite ?
Je ne sais pas. C’est une bonne question. C’est sûr que je vais faire des voyages, des activités. Mais je suis habitué à certain rythme. J’ai diminué le rythme les dernières années mais je me demande si je devrais continuer à offrir mes services en tant que consultant sur de petits projets. Cela dit, tant que je suis en santé il y a aussi des choses plus amusantes à faire, et puis ce que j’aimais c’était le travail en équipe, je ne sais pas si ce serait aussi intéressant tout seul dans mon coin. En tout cas, architecte est un très beau métier. C’est prenant, c’est stressant, mais c’est aussi très gratifiant.
En rafale
Thé ou café ?
Il y a quelques années c’était vraiment le café, mais maintenant c’est café le matin et thé l’après-midi. Ça me permet d’être plus zen.
Matin ou soir ?
Soir
Brique ou bois ?
Bois
Musée ou randonnée ?
Randonnée
Bureau ouvert ou fermé ?
C’est difficile parce que j’aime les deux. À la fin j’avais un bureau fermé mais sans porte, et c’est une tranquillité que j’apprécie. Mais j’ai passé ma vie dans le milieu de l’atelier, j’ai été au cœur de l’activité pendant plus de 20 ans et c’était bien aussi.
Action ou réaction ?
Action
Rénovation ou nouvelle construction ?
Rénovation
Party d’huîtres ou Beach party ?
Party d’huîtres, parce que j’aimes les huîtres !
Noir et blanc ou couleurs ?
Couleurs
Passé ou futur ?
Futur
Été ou hiver ?
Été
Roman ou film ?
Film
Autocad ou Revit ?
Haha ! Aucune de ces réponses !
Modernisme ou post-modernisme ?
Modernisme
Penser ou agir ?
Agir
Vélo ou voiture ?
Vélo
Maison à la campagne ou condo en ville ?
Maison à la campagne
Londres ou New York ?
New York
Acier ou béton ?
Béton