Agrandissement de nos bureaux
En réponse à la forte croissance de notre équipe, un agrandissement de 516 m² à nos bureaux a été construit vers l'est sur la rue Rachel afin de bonifier nos espaces avec l’ajout de plusieurs postes de travail, d’une aire de repas spacieuse avec une cuisine et un comptoir café, d’une grande salle multifonctionnelle pourvue d’une cloison de verre rétractable, un toit-terrasse, un espace intérieur pour le rangement et la réparation des vélos et une douche pour nos cyclistes. Offrir un environnement de travail agréable et propice à la créativité et au bien-être du personnel était primordial, ainsi que privilégier des matériaux naturels, des couleurs sobres et des aménagements épurés mettant en valeur la structure exposée de l’existant. Ce fût également l’occasion de repenser l’espace en fonction des nouveaux besoins de l’équipe et de le décloisonner davantage afin d’acheminer un maximum de lumière naturelle. C’est ainsi que le projet s’est poursuivi avec le réaménagement intérieur des trois étages du corps de bâtiment principal ― un bâtiment industriel situé en face des anciens ateliers Angus.
Localisation
Envergure
516 m² / 2,1 M$
Période de réalisation
2017 — 2019

Avec 67 années d’existence et une équipe de 200 employés, Jodoin Lamarre Pratte architectes figure parmi les plus grandes firmes d’architectes au Québec. Elle valorise depuis sa création la créativité, l’intégrité, la collaboration, le partage des connaissances et la rigueur. Pour la firme, développer une architecture responsable et durable fait partie du rôle social de l’architecte et notre équipe a à cœur de créer des projets à faible empreinte carbone, qui privilégient l’accès à la lumière naturelle et qui fournissent un milieu de vie sain à ses occupants. Avec ce projet d'agrandissement, c'était l’opportunité de démontrer son savoir-faire, sa capacité à développer des techniques de construction avant-gardistes, son engagement pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et son soutien à la Charte du bois du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).
La volonté de construire le projet en bois émerge rapidement dans le processus de réflexion. Cet agrandissement est en effet une occasion pour la firme de poursuivre le développement de ses connaissances de ce mode constructif, de réduire l’empreinte environnementale de son bâti et de participer activement au développement de la construction en bois dans le secteur non-résidentiel au Québec.
La construction en bois demeurant encore fréquemment associée à un surcoût par rapport aux autres méthodes de construction courantes, la firme se fixe alors l’objectif de construire son agrandissement avec une structure de bois à un coût inférieur ou égal à celui d’une structure en béton —structure des bâtiments existants—, et de documenter ce processus au moyen d’une étude de coût comparative.

Guidée par l’objectif de construire en bois à un coût comparable à celui d’une structure en béton, l’équipe intégrée architectes-ingénieurs —SDK en structure et Pageau Morel en électromécanique pour l’intégration des conduits électriques à la structure—, en partenariat avec l’entreprise Structure Fusion, a développé une solution structurale novatrice composée d’une structure mixte d’acier, de béton et de bois d’ingénierie qui a permis au projet de se qualifier au Programme de vitrine technologique pour les bâtiments et les solutions innovantes en bois du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.
Inspirée de la structure de béton exposée de l’édifice existant, la structure est composée de dalles structurales composites de bois de placage stratifié-cloué et de béton, qui reposent sur une charpente de bois lamellé-collé. Cet assemblage innovant offre des portées similaires à celles d’une structure en béton, mais avec des dalles de plus faible épaisseur et de meilleures propriétés acoustiques. Le concept structural développé permet ainsi l’aménagement de grands volumes comportant peu de colonnes. Ensemble, les firmes ont créé une structure à la fois épurée et chaleureuse par l’utilisation du bois, qui offre un environnement de travail ouvert et une trame similaire à celle du bâtiment existant.


Le système structural principal est composé de poutres et de colonnes en bois lamellé-collé qui supportent les dalles structurales mixtes de bois de placage stratifié-cloué (NLVL — Nail-Laminated Veneer Lumber) et de béton. Les dalles en NLVL s’inspirent de la technique du bois lamellé-cloué, mais diffèrent de celle-ci par un assemblage de placage de bois stratifié cloué, au lieu de bois d’œuvre standard. Cette solution permet d’utiliser un bois de grade inférieur —peuplier faux-tremble de grade 1.55E—, où la présence de plus de défauts visuels est compensée par la structure de l’assemblage : seule la tranche inférieure de chaque morceau est visible. Pour contrebalancer la résistance structurale plus faible de la dalle de NLVL, elle a été couplée à une dalle de béton. Les deux dalles sont mécaniquement liées à l’aide de vis et d’encoches dans le bois. La dalle de toit est constituée à 100% de NLVL.
À ce système principal s’ajoutent une dalle de béton sur le sol au rez-de-chaussée, une structure d’acier (pontage et colonnes) au 2e étage afin de soutenir le porte-à-faux, un contreventement en bois lamellé-croisé pour la cage d’escalier et un contreventement d’acier à l’arrière du bâtiment.
La dalle de NLVL, en plus de son rôle structural, joue un important rôle esthétique et acoustique. Il a en effet été décidé, afin d’améliorer l’acoustique dans les aires de travail ouvertes et de créer un rythme dans la composition architecturale, d’ajouter un profil cannelé à la dalle, en alternant des morceaux de 118 mm et 156 mm d’épaisseur.









Avec la réalisation de ce projet, l’équipe a démontré qu’il était possible d’explorer de nouvelles techniques constructives en bois afin de trouver une alternative moins coûteuse qu’une structure en bois lamellé-croisé ou lamellé-cloué : utilisation d’un grade de bois inférieur 30% moins cher que le grade courant et coût au m² du béton réduit d’environ 55% par rapport à une structure de béton conventionnelle. De plus, le concept structural a permis de générer des économies liées à l’érection du bâtiment.
La performance financière de la structure innovante développée sur mesure et combinant le bois, le béton et l'acier a fait l'objet d'une analyse comparative des coûts de construction avec un scénario standard en béton, qui a comblé un manque dans la littérature actuelle sur la construction en bois au Québec. De plus, le bois a été exploité tant dans ses applications structurales, qu’esthétiques et acoustique. Le profilé cannelé (ou en dents de scie) dessiné pour la partie inférieure des dalles améliore l’absorption du son par rapport à une surface plane et apporte du rythme à la composition architecturale. Les qualités du bois ont également été utilisées pour diffuser la lumière naturelle et artificielle afin de maximiser le confort des occupants.

Le cèdre rouge, qui possède une résistance supérieure au gauchissement, à la torsion et au fendillement, est utilisé en parement ainsi que pour la construction du mobilier intégré sur la terrasse au toit de l’agrandissement — un lieu convivial utilisé par les employés durant les pauses ou pour la tenue d’événements.
En plus de s’adapter aux grandes variations de climat, cette essence de bois comporte une huile essentielle qui agit comme une barrière contre la moisissure, et des propriétés acoustiques en amortissant la transmission du son. Le cèdre rouge est renouvelable et provient généralement d’exploitations réglementées de l’Ouest canadien. N’avant ni besoin de teinture ou de vernis pour le protéger, il deviendra naturellement gris avec le temps.

Depuis la rue Rachel, la façade avant est complètement vitrée et en saillie par rapport à l’existant. Montée sur un piédestal, cette vitrine de création anime le secteur en pleine évolution et expose les avancées technologiques de construction hybride en bois tout en offrant lumière et vues extérieures plancher/plafond aux usagers. Le soir venu, le volume devient une boîte lumineuse, théâtre de l’activité qui s’y déroule.



