Rénovation des infrastructures du métro de Montréal
Le consortium GJB a remporté en 2012 l’appel d’offres lancé par la Société de Transport de Montréal (STM) « Bureau de Projets Infrastructures Métro » (BPIM). Le mandat vise le maintien des infrastructures du réseau par la réfection des éléments architecturaux et structuraux et le remplacement d’équipements de mécanique et d’électricité. Il est composé du programme Réno-Infrastructures, du projet de rénovation majeur de la station Berri-UQAM et de l'agrandissement du centre d’attachement Viau.
Partenaires
GCBD (STGM)
Bisson Fortin
Envergure
250 M$
Période de réalisation
2012 — 2022
Le réseau du métro de Montréal est le plus important du Canada et le 3e d’Amérique du Nord. Il est composé de 4 lignes, divisée en 68 stations, et compte 76 km de tunnels, 129 édicules et 124 structures auxiliaires. Inauguré en 1966 puis prolongé plusieurs fois, il fait partie du patrimoine urbain montréalais et transporte chaque jour plus d’un million de personnes. Afin de faire face à des infrastructures vieillissantes , la STM a lancé un vaste projet de rénovation baptisé « Réno-Infrastructures » qui se décline en plusieurs phases.
Depuis 2012, le BPIM a réalisé des travaux de réfection, de rénovation et de transformation d'envergures variées dans de nombreuses stations du réseau, dont Berri-UQAM, Beaubien, Radisson, Guy-Concordia, Honoré-Beaugrand, Jolicoeur, Vendôme, Jean-Drapeau, Beaudry, Crémazie, Angrignon, Place-Saint-Henri, Pie-IX, Laurier, Préfontaine, Place-d'Armes, Square-Victoria – OACI, Lionel-Groulx, Viau, Plamondon et McGill.
Certaines de ces rénovations sont visibles : création de nouveaux accès, modernisation de l’éclairage et de la signalisation, intégration d’ascenseurs, réfection d’escaliers ou encore reconstruction d'édicule. D’autres travaux se déroulent en coulisses mais n’en demeurent pas moins essentiels au bon fonctionnement du réseau : remplacement des membranes d’étanchéité, agrandissement d’un centre d’attachement, ou encore rénovation des systèmes de ventilation.
Rénover dans le respect du patrimoine
Le métro de Montréal se distingue par le caractère unique de ses stations, chacune étant l’expression d’un geste architectural et artistique distinct, lui conférant une identité propre. C’est dans un esprit de conservation de ce patrimoine que plusieurs des interventions du BPIM ont été menées. À la station Crémazie, par exemple, les revêtements muraux en céramique devaient être intégralement refaits. Commander des céramiques sur-mesure n’étant pas envisageable avec le budget disponible, nos architectes ont redoublé d’efforts lors de la recherche de matériaux pour trouver une céramique la plus similaire possible à celle existante. Le résultat final est si fidèle au concept d'origine que l’on pourrait penser que les revêtements muraux ont simplement été nettoyés.
Innover pour moderniser le réseau
Infrastructure du quotidien, le métro montréalais doit évoluer avec la société qu’il dessert et se moderniser pour offrir des services de qualité à la hauteur des attentes de tous les usagers. Le programme Réno-infrastructures vise non seulement la remise à niveau des actifs dégradés, mais également l’amélioration des installations. Pour atteindre ce second objectif, les architectes du BPIM ont proposé des solutions innovantes rendant le métro plus fonctionnel et agréable. À la station Place-d’Armes, par exemple, une nouvelle rampe d’accessibilité universelle a été développée et est devenue un nouveau standard à installer dans d’autres stations du réseau. Le mur rideau donnant sur l’avenue Viger a également été modifié en supprimant les éléments architecturaux de béton afin de maximiser l’apport de lumière naturelle dans la station.
Bonifier l’expérience des usagers
L’état de certaines stations nuisant au sentiment de sécurité et de bien-être des usagers, il fût parfois nécessaire d’effectuer des réfections majeures allant au-delà du maintien d’actif. Ce fut le cas pour la station Beaudry, qui présentait un niveau avancé de vétusté et peu d’attrait pour l’apparence générale des intérieurs. L’éclairage et les parements architecturaux existants conféraient au lieu une atmosphère sombre et peu accueillante, renforcée par des palettes verdâtres, bleutés et brunes et le lent parcours entre l’édicule et les quais via les longs trottoirs mécaniques ¹.
C’est ainsi que de 2018 à 2020, la station Beaudry a fait l’objet de travaux majeurs qui ont nécessité sa fermeture complète pendant 8 mois. Une relecture contemporaine du concept architectural d’origine de la station, altérée lors de travaux réalisés au tournant des années 2000, a mené à la proposition d’une nouvelle approche pour les finis architecturaux. De nouveaux appareils d’éclairage illuminent le parcours tapissé de céramiques blanches et rouges, dont le motif s’inspire de l’« Op Art » (art optique) et du revêtement qui ornait les murs de la station à son ouverture en 1966. Le motif s’intensifie vers la mezzanine pour devenir saturé de rouge dans le tunnel piétonnier. Un plafond suspendu métallique accueille les nouveaux appareils d’éclairage au-dessus des trottoirs mécaniques, en plus de dissimuler les câblages et les conduits. Enfin, les nouvelles marches sont en granite noir du Québec, un matériau très durable, et les bassins de captation au pied de celles-ci facilitent grandement l’entretien. Au final, l’ensemble est lumineux, ludique et invitant. Il est à noter que le projet a été désigné finaliste aux prix élixir 2020 du PMI-Montréal.
¹ La station Beaudry ne figurait pas dans les plans originaux du réseau du métro. Une station était plutôt prévue à l’intersection de la rue Amherst (Atateken). Cette dernière a par la suite été annulée et devait être remplacée par un corridor à partir de la station Berri-UQAM. La trop grande distance ainsi créée entre les stations Berri-UQAM et Papineau justifia que les décideurs de l’époque ordonnent la construction de la station Beaudry en 1963. À ce moment, le tunnel de la ligne verte est déjà en voie de construction. On décide alors d’utiliser la rampe d’accès des camions qui transportent le roc excavé, pour créer l’accès à la nouvelle station. La faible inclinaison de cette pente rend impossible l’installation d’escaliers mécaniques standards, d’où la présence des fameux trottoirs mécaniques, uniques dans le réseau. (Site web de la STM)
Agrandissement du centre d’attachement Viau
En plus des travaux de réfection et d’amélioration de l’accessibilité, la station Viau est également le lieu d’un autre chantier d’envergure, moins visible pour le public : l’agrandissement du centre d’attachement Viau. Il s’agit d’un centre souterrain où sont stationnés et ravitaillés les véhicules servant à l’entretien du tunnel et des voies.
Cet agrandissement est un projet clé pour la STM. En doublant la superficie du centre, celui-ci pourra accueillir six convois supplémentaires et donc améliorer les conditions d’entretien du réseau. Avec un nouveau débarcadère et un monte-charge de plus grande capacité, le centre deviendra aussi un point d’entrée pour les matériaux de construction. Les chantiers pourront donc être approvisionnés plus rapidement ce qui accélérera la réalisation des travaux de rénovation. Des équipements de ravitaillement électriques seront également installés, permettant de déployer davantage de véhicules d’entretien à énergie propre.
Quelques éléments de surface témoignent de cette transformation souterraine. Le débarcadère à camion, actuellement situé à même l’édicule, sera enlevé et remplacé par des espaces réservés au personnel de la STM. Un nouveau débarcadère sera construit en arrière de la station dans une structure auxiliaire, plus discrète et plus sécuritaire car elle évitera le croisement des circulations des camions et des piétons. Les puits de ventilation seront remplacés et un nouveau poste de remplissage de carburant sera construit. Le BPIM a imaginé l’architecture de ses structures dans le respect du design d’origine, avec une géométrie anguleuse rappelant celle du puit de lumière et permettant à l’édicule de la station de se distinguer et de marquer son caractère d’accès public.